Internet illimité, fibre optique à Madagascar, le cas de Telma

Madagascar se classe souvent parmi les pays africains qui ont les meilleures connexions. Mais c’est aussi le pays qui a les connexions les plus chères. On peut dire que la qualité a un prix, mais c’est une qualité au rabais. Actuellement, 1 Go de donnée coute 5000 ariary et évidemment, vous avez plein de micmacs de la part des telcos pour vous donner des bonus si vous achetez via leur mobile money. Ainsi, Telma offre 20 % de data en plus si vous achetez l’offre avec Mvola.

En soi, ce prix reste correct, mais pour travailler, profiter d’un internet illimité, pouvoir faire ce qu’on veut en ligne, c’est largement insuffisant. Je travaille en ligne depuis plus de 10 ans et même si aujourd’hui, le secteur est sinistré et il faut que je trouve un nouveau boulot physique… je me rend compte que j’ai toujours utilisé des forfaits à la donnée en économisant les données au maximum. J’utilise une clé Telma pour la connexion via le PC et je renouvelle quasiment tous les deux jours selon les tâches. Actuellement, j’utilise l’offre de 2 Go qui est à 10 000 ariary et avec Mvola, je peux avoir 2,4 Go.

Cependant, les tâches sont limitées, du surf, je peux publier mes articles, lire l’actu, mais hors de question de gros téléchargements ou encore de regarder des vidéos en ligne. L’internet illimité n’existe quasiment pas à Madagascar ou plutôt, il a existé avant que Telma n’ait le monopole et décapite tous les concurrents. Autour des années 2008, il y avait un opérateur internet et j’ignore si c’était DTS ou autre, mais il avait une connexion internet illimité, un genre d’ADSL et cela coutait 60 000 ariary par mois.

Aujourd’hui, vous avez des pseudo connexions internet illimité, mais on dirait que c’est de l’internet des années 2010 ! Ainsi, Orange propose le Wifiber allant de 149 000 ar jusqu’à 249 000 ariary par mois, un débit de 6 à 8 Mbps, un engagement de 12 à 24 mois. 6 Mbps en 2023 ? Ce n’est même pas au niveau de l’ADSL, alors que la connexion par fibre optique tape dans les 100 Mbps. Ensuite, vous avez également Telma qui a le monopole de la fibre optique avec l’offre Family et Home, la première est à 149 000 ariary par mois et l’autres à 249 000 ariary par mois avec 300 Go pour la première et 900 Go pour la seconde.

C’est à dire que ces escrocs, nous proposent de la fibre optique, mais comme un forfait à la donnée de merde. On dirait de vieux opérateurs américains de merde qui ne sont là que pour escroquer des consommateurs. Si vous dites à des étrangers que la fibre optique chez nous, est limitée, les mecs n’en reviennent pas. Mais c’est ce qui se passe quand Telma a le gouvernement dans sa poche et les autorités de régulation et surtout, qu’il a le monopole du filaire. De plus, les prix sont exorbitants. En moyenne, c’est 150 000 ariary par mois pour une connexion ADSL illimitée ou pseudo-illimité alors que le salaire minimum est de 250 000 ariary (même si 80 % de la population est largement en dessous de cette limite.)

C’est à dire qu’internet étant un droit fondamental, pour en jouir pleinement, il faut débourser 60 % de son salaire mensuel ! Pas étonnant que chaque année, les telcos engrangent des bénéfices records. Et c’est souvent le cas en Afrique où les Telcos se sont entendus pour ne pas généraliser l’internet à haut débit illimité.

Orange et Airtel ne peuvent pas avoir de connexion filaire même si la concurrence leur permet de le faire, c’est juste qu’ils ne gagnent pas beaucoup d’argent avec la connexion internet. Leur gros filon est le mobile money où ils passent au tiroir-caisse à chaque transaction, retrait, virement, approvisionnement, les bénéfices du mobile money sont 10 fois plus importants et donc, personne n’ira investir dans de la fibre optique qui coute la peau des fesses. Et sans la connexion à haut débit, impossible de travailler avec l’évolution numérique du moment.

Je veux dire, essayez de faire des vidéos de longue durée pour Youtube avec des forfaits à la donnée, essayez de faire des stream Twitch, c’est à dire qu’à cause d’un manque voulu d’investissement dans les infrastructures, une grande partie des malgaches n’a pas accès aux nouveaux métiers du web. Et cela ne changera pas tant que l’Etat ne fouettera pas les telcos pour qu’ils se bougent le cul.