Animal Crossing est pour une population abêtissée et à la dérive


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  • Animal Crossing est pour une population à la dérive, dans une civilisation qui s’ennuie et qui s’enferme pour vivre un ersatz de vie dans une île lointaine.


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    Le phénomène d’Animal Crossing est intéressant à regarder, comme un biologiste qui trouverait d’insectes étranges dans son jardin. Il tente de comprendre leur comportement, mais il a les yeux fixés sur ces bêtes étranges qui créent leur monde à la dérive dans une boite colorée, fabriqué par des hommes-salaires au pays du soleil levant. Mais il serait peu véridique de dire que les nippons doivent remercier une grippe chinoise pour le succès d’Animal Crossing.

    Des névrosés, qu’on a rendu encore plus névrosés, dans quelques mètres carrés, il est évident que cela force le respect ou pas et qu’ils tentent de s’échapper sur une île ensoleillée avec des rythmes endiablés et mornes pour certains. Avec pour seul interlocuteur, des espèces d’animaux qui se comportent comme des humains. Intéressante métaphore que cette dégénérescence de la société occidentale dans une vie machinale et clairement insipide.

    Ou plutôt devrais-je dire une société occidentalisée à l’extrême, car le succès nippon n’a rien à envier aux bouffeurs de chiens-chauds ou ceux de l’andouillette, encore une spécialité culinaire décidément contre-nature. On s’emmerde, on s’emmerde et on s’emmerde à mort dans Animal Crossing. On ramasse des choses, on fabrique des choses, on vend des choses, dans une espèce de monotonie tout à fait affligeante. Parfois, Tom Nook nous demande de le rembourser, mais c’est un créancier plutôt bon enfant, qui vous dit ce qu’il faut construire, comment construire et vous donner des idées de merde pour la suite.

    Heureusement, qu’il n’y a pas d’armes suicidaires dans Animal Crossing, il y a longtemps que les névrosés se seraient tirés une balle. Même si les stoiciens nous rappellent que se donner la mort, c’est comme la croissance économique, une question de volonté, se taper la tête contre le mur et vous voilà délivré de la vallée des larmes nippones.

    Comment expliquer un tel succès alors ? Animal Crossing est mignon, avant de dépenser les 60 dollars pour l’acheter, vous le saurez si vous allez aimer le style rien qu’en regardant les images. Ayant vécu dans les profondeurs noires de Dwarf Fortress, ayant les yeux qui saignent pour voir si mon personnage en ASCII va épouser l’éléphant et créer une oeuvre d’art pour sa schizophrénie patente, autant dire qu’Animal Crossing n’est pas ma came, j’ai besoin de noirceur et de drame et Animal Crossing est surtout un monde pétillant pour des pétasses midinettes qui rêvent de princesses dans le donjon et que le prince charmant, souriant et éclatant, viendra pour les emmener pour découvrir un royaume enchanteur.

    La majorité des joueurs d’Animal Crossing sont des femmes, la hype sur le jeu a débuté depuis bien longtemps. Même si je suis anti-féministe et mysogyne convaincu, loin de moi l’idée qu’un jeu aussi débile convient pour… Toutefois, les femmes sont les principales consommateurs de jeux vidéos, avec 51 % de la population en Occident. C’est surtout que vous ne les verrez pas faire des Hits à la suite dans un Call of Duty qui est réservé à d’autres types de demeurés, bien plus atteint par la dégénérescence. A cause de la culture ultra-toxique des jeux vidéos, incapable de sortir de son carcan de naissance, les femmes ont privilégié les jeux plus marginaux, plus mignons et où la toxicité est anesthésié par l’ADN même du jeu. Animal Crossing est la quintessence pour ce public cible.

    La boucle Tamagochiesque d’Animal Crossing

    En 1996, j’avais 15 ans, mes ambitions de l’époque était de pouvoir me payer une Gameboy, d’avoir une console meilleure que la Super NES que mon meilleur ami et de draguer une fille, qui faute de moyens de ma part, m’a rendu névrosé pour le reste de ma vie. Dans cette année, donc, merveilleuse, on avait eu la sortie des Tamagochis, des espèces de jeux électroniques avec des animaux virtuels où on devait s’occuper comme des malades sinon ils crevaient comme une merde. Animal Crossing est le descendant direct du Tamagochi, non pas qu’il s’adresse au même public cible, car les Tamagochis étaient surtout utilisé par les garçons, fatigué de prendre Ryu sur Street Fighter, mais c’est le premier jeu qui allait comprendre ce qu’est notre civilisation occidentalisée actuelle.

    Animal Crossing est pour une population à la dérive, dans une civilisation qui s'ennuie et qui s'enferme pour vivre un ersatz de vie dans une île lointaine.

    Et je ne parle pas des blancos ou des basanés, mais bien d’un type de société qui est mondialisée. Cette civilisation, ayant énormément du temps à perdre, comme le disait Keynes, devrait trouver des occupations constantes. Et le capitalisme mondialisé a trouvé la recette pour qu’on continue à trimer comme des forçats en créant l’économie de l’attention. Tous les divertissements actuels sont conçus pour occuper tout notre temps et donc, notre cerveau. La moindre série, c’est des saisons entières à rattraper, l’univers Marvel, c’est 10 ans de film et vous voulez découvrir One Piece, préparez-vous à bouffer 500 épisodes.

    Animal Crossing va plus loin, car les plaisirs susmentionnés ont leur propre ligne temporelle. Animal Crossing se synchronise avec l’heure de la console et cela permet de passer de vraies journées ce qui est con pour ceux qui ne jouent la nuit parce que tout est fermé. “Revenez demain” est sans doute la phrase la plus utilisée dans le jeu, comme un espèce monotonie zombiesque où on doit faire et refaire les même tâches encore et encore. Evidemment, étant un grand ingénieur du n’importe quoi, je peux affirmer comme les testeurs “professionnels” que le jeu est superbe de bout en bout. Vous pouvez vous démener dans tous les sens pour meubler votre maison, votre vie et vos relations. Ou comme le disait Noel Malware dans son test de Canard PC, vous pouvez aussi regarder un pneu et faire des réflexions philosophie sur l’être, le non être et le néant.

    On a l’andouillette Nintendo qui a encore fait des merveilles, mais de là à se créer une vie entière sur une île peuplée d’animaux anthropomorphiques, il y a des limites que la décence sapienne ne peut pas se permettre. Les joueuses trouvent leurs comptes sur Animal Crossing et tant mieux pour elles. En revanche, si vous voulez jouer à un Animal Crossing pour adulte, allez jouer à Rimworld et si vous êtes un adulte névrosé, schizophrène, misogyne et totalement déglingué, il reste toujours Dward Fortress.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur web depuis 2009 et webmestre depuis 2011. Je suis également un blogueur dans la vulgarisation scientifique et la culture.

    Je m'intéresse à tous les sujets comme la politique, la culture, la géopolitique, l'économie ou la technologie. Toute information permettant d'éclairer mon esprit et donc, le vôtre, dans un monde obscur et à la dérive. Je suis l'auteur de deux livres "Le Basilic de Roko" et "Le Déclin".

    Pour me contacter personnellement :

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