Retour d’expérience sur la carte Mvola


  • Français

  • La carte mVola a été lancé en grande pompe, permettant des paiements internationaux avec son compte mVola. Qu’est-ce que ça vaut ?


    La carte mVola a été lancé en grande pompe, permettant des paiements internationaux avec son compte mVola. Qu'est-ce que ça vaut ?
    Publicités

    La carte mVola a été lancé par Telma il y a quelques semaines et dans l’article où j’annonçais le lancement, j’avais dit que je m’en prendrais une pour voir ce qu’elle vaut. Etant un Freelance depuis une dizaine d’années et m’ayant frayé un chemin dans la jungle des paiements en ligne où la Grande Ile est plus une prison qu’autre chose sur l’ouverture du monde, autant dire que les choses ont beaucoup changé. Premièrement, la carte mVola n’est pas vraiment une révolution. Ocean Cash propose une carte de crédit prépayée depuis quelques années.

    Tout le monde veut lancer sa carte prépayée

    Ensuite à partir de 2019 et surtout de 2020, pendant la crise du covid et la distribution des aides de l’Etat, on a vu la promotion par le gouvernement de la Paositra Money. On en parlera de la transformation de la poste en services financiers. Et j’ai déjà parlé de la Paositra Money où le gouvernement, étant le plus grand employeur, tente de faire passer ses flux financiers par ce service.

    Et la poste veut aussi lancer une carte e-poketra qui est exactement comme la carte Mvola. Une carte de crédit prépayée de VISA. Mais disons que Telma a été plus rapide. Cette carte Mvola a des avantages que les autres auront dû mal à rattraper. Evidemment, le principal est que comme elle est associé à un compte Mvola, il suffit de verser de l’argent sur son compte pour bénéficier des paiements en ligne.

    On peut déposer de l’argent dans de nombreux points de vente. Etant donné que la BNI et Telma appartienne au même propriétaire, on peut dire que ce monopole lui donne un avantage certain. Toutefois, les autres banques et opérateurs telcos auraient pu créer un partenariat pour se lancer dans ce secteur. Airtel pourrait débarquer par le flanc des assurances et d’autres services financiers. Il a conclu un partenariat avec Mastercard dans quelques pays en Afrique incluant Madagascar. On verra ce que ça donnera.

    Achat et configuration de la carte mVola

    L’achat de la carte mvola reste assez simple, même s’il y a quelques étapes. Elle coute 20 000 ar, disponible dans les Telma Shop. Il faudra emporter le téléphone contenant le compte Mvola associé et une carte d’identité. Au préalable, il faudra configurer une adresse mail sur le compte mvola avant d’aller en Telma Shop. Je pense que vous pouvez le faire depuis le compte Mvola ou demander de l’aide au service clientèle.

    La carte mVola a été lancé en grande pompe, permettant des paiements internationaux avec son compte mVola. Qu'est-ce que ça vaut ?

    Quand on achète la carte, il faudra suivre une procédure pour associer la carte avec le compte mVola. On le fait directement dans le Telma shop. Il y a quelques étapes, mais cela reste assez facile. Par défaut, les paiements internationaux et les achats en ligne sont désactivés. Il faudra attendre 24 heures après l’association de votre carte avec votre compte mVola pour pouvoir le faire. Le Telma shop vous donnera la procédure pour activer ces types de paiement.

    Des frais exorbitants !

    Mise à jour au janvier 2021 – Il semblerait que Mvola ait écouté les plaintes et il a baissé les frais de transaction de 90 %. Ainsi, un achat en ligne avec cette carte, pour un montant allant de 5000 à 100 000 ar, les frais de transaction sont de 1 000 ar, pour un montant de 100 000 à 500 000 ar, les frais sont de 1500 ar, de 500 000 ar à 1 000 000 ar, les frais sont de 2 500 ar et enfin pour les achats en ligne supérieurs à 1 000 000 ar, les frais sont de 3 000 ar. C’est une très bonne chose, mais j’ignore si cette baisse est permanente ou juste une promotion. L’un des deux gros points négatifs de la carte Mvola a été résolu et il reste maintenant le détail des transactions qui doivent être plus complètes comme je l’explique plus bas avec Paypal.

    Dès que les premiers utilisateurs ont testé leur carte mvola, ils ont remarqué que les frais de transaction sont exorbitants. Il y en a différents types pour les paiements nationaux, mais on va se concentrer sur les achats en ligne internationaux. Il y a deux tarifs :

    • De 5000 à 250 000 ariary – 10 000 ariary par transaction
    • De 250 000 à 5000 000 ariary – 4 % de la transaction

    Les paiements en ligne ne sont pas du tout démocratisé dans le pays et beaucoup de gens pourront expérimenter ces paiements pour la première fois. Ils se rendront compte de deux choses, que l’ariary est une monnaie très faible quand ils vont acheter en dollars, en euros ou en livres sterling. Et qu’avec les frais de transaction, il y a quelqu’un qui se fait arnaquer et ce n’est pas Telma.

    Telma a pensé que les achats en ligne concernaient uniquement de gros montants. Par exemple, imaginons que quelqu’un achète en ligne pour un montant de 200 000 ariary ce qui fait environ 50 dollars. On est encore dans la première tranche de transaction et donc, la transaction lui coutera 10 000 ariary. C’est élevé, mais c’est jouable.

    Le gros souci est qu’il n’y a aucun palier pour les micro-transactions allant de 1 à 5 dollars. Ce qui fait que si quelqu’un achète quelque chose pour 1 dollar, Telma empoche 2 dollars (10 000 ariary). C’est vraiment très mal pensé. On pourrait dire qu’on ne peut pas s’offrir grand chose pour 1 dollar, mais de nombreux abonnements en ligne coutent de 1 à 5 dollars.

    Donc, Telma empoche énormément sur les petites transactions. Il faut que l’entreprise crée un autre palier qui pourrait aller de 5 000 à 20 000 ariary et donc les frais de transaction pourraient être autour de 2 000 ariary. Ensuite, sur les gros montants à partir de 250 000 ariay jusqu’à 5 000 000 ariary, les frais de 4 % sont aussi très élevés, car dans le pire des cas, on devra avoir autour de 1 ou de 2 %.

    Telma profite du fait qu’il est le seul, pour le moment, à proposer cette carte avec cette facilité pour s’en mettre plein les fouilles. Mais comme il a lancé le bal, d’autres opérateurs telco pourraient se lancer avec des offres plus attractives. Mais c’est avec Paypal que cela a commencé à merder et qu’il faut que l’entreprise fasse des efforts.

    Ajouter la carte mVola à son compte Paypal

    Etant un vieux de la vieille des paiements en ligne, Paypal est la première chose que j’ai testé avec cette carte Mvola. Est-ce qu’on peut l’ajouter et ainsi utiliser directement Paypal. C’est tout à fait possible. J’ai pu enregistrer la carte et Paypal va faire deux vérifications. Quand j’ai enregistré la carte, Paypal prélève 1 dollar automatiquement sur la carte, soit autour de 3 900 ariary et avec la stupidité des frais, Mvola vous prend 10 000 ar de frais.

    Ce dollar, Paypal vous le rembourse, car c’est juste pour vérifier, mais les 10 000 ar, ils restent dans la poche de Telma. Ensuite, vous devez confirmer votre carte pour que Paypal puisse vous permettre de l’utiliser pleinement. Sinon, cela ne marchera pas. Et de nouveau, Paypal va prélever 1,95 dollars sur cette carte (cela environ autour de 7 700 ariary) et de nouveau, Telma vous prélève 10 000 ar de frais de transaction.

    Mais voilà où le bat blesse. Quand Paypal prélève ces 1,95 dollars (qu’il rembourse après), il va mettre un code dans la transaction de la carte de crédit. Ce code doit ressembler à un truc du genre :

    PP*1234 CODE

    Le gros problème est que dans les transactions de la carte Mvola, il n’y a pas tous les détails de la transaction. Juste le destinataire et le montant. Et sans ce code, Paypal ne vous permettra pas d’utiliser la carte Mvola. Quand vous faites un paiement en ligne avec la carte Mvola, la transaction vous est envoyé instantanément par SMS et par mail (c’est pourquoi il faut configurer le mail de son compte Mvola avant l’achat de cette carte).

    Paypal indique que cette transaction, avec le code, peut apparaitre de 3 à 5 jours plus tard, mais ce serait étonnant vu la manière dont Mvola gère les transactions. J’attendrais quelques jours, mais il faut que Mvola propose des détails complets de la transaction. En plus de ça, sur le SMS, on n’a absolument aucune information et il faut se créer un compte Selfcare Mvola qui est simplement le compte en ligne de votre compte Mvola. On a également l’application mVola, mais elle est tellement lente et buguée qu’elle est inutilisable pour le moment.

    Et évidemment, comme je n’ai pas le code envoyé par Paypal, je perd les 1,95 dollars + les 10 000 ar de frais.

    “Tout le monde n’accepte pas Mvola”

    Dans sa publicité à gros budget, Telma nous dit que “le monde entier accepte mvola”. Eh bien non, c’est une carte prépayée. Techniquement, elle devrait passer sur la plupart des sites marchands, mais il y a des services qui refusent les cartes prépayées. Par exemple, Google ne les accepte pas. Il faudra tester sur Amazon.

    Quand j’aurais un peu de fric (ce qui n’est pas souvent), alors je testerais des achats sur Aliexpress avec cette carte pour voir si ça marche. J’ai déjà acheté sur Aliexpress avec d’autres cartes, donc on verra bien si la carte Mvola est à la hauteur.

    Améliorer les livraisons internationales

    L’achat en ligne ne concerne pas uniquement le paiement en ligne. On peut penser que Telma n’est que le premier d’une longue lignée d’entreprises et d’opérateurs qui vont se lancer dans ce type de carte sans engagement. Toutefois, l’achat en ligne implique aussi la livraison internationale et dire que le pays a encore beaucoup de progrès à faire est un euphémisme. C’est simple, depuis la crise du covid, tous les livraisons internationales sont cassées. Le fret tourne en rond et on est plus ou moins dans la merde.

    Et on revient à ce que je disais sur la Poste malgache qui veut se réinventer dans les services financiers. L’envoi de colis et de lettres fait partie du secteur stratégique d’un pays et cette crise nous l’a bien montré. Qu’elle fasse de la finance si ça lui chante, mais qu’elle renforce son coeur de métier qui est la livraison. Avant la crise, je recevais une grande partie de mes colis par la poste.

    Je n’en ai jamais perdu un seul, cela montre que malgré le manque de moyens, le service continue de tourner. Car si vous promouvez l’ouverture au monde par les paiements en ligne à tout bout de champs, mais que les gens ne peuvent pas se faire livrer, alors autant dire que c’est inutile. Il faudra aussi gérer les taxes douanières, car 49 % de taxe, autant dire que ça pique.

    Le mot de la fin sur la carte Mvola

    Mon expérience de la carte Mvola est en demi-teinte. Il y a beaucoup de bons cotés. La facilité relative de son achat, la configuration aussi, si on suit bien les étapes recommandées par le Telma Shop. Tout se passe bien de ce coté. A chaque fois qu’on fait une transaction, on est notifié dans la seconde que ce soit par SMS et mail.

    Sur les mauvais points, clairement les frais très élevés sur les micro-transactions, ça ne passera pas. Car avec la logique de Telma, on doit débourser trois dollars pour en dépenser un. Tous les services d’abonnement deviennent ainsi 2 à 3 fois plus chers que la normale. Le test avec Paypal était décisif et la carte Mvola l’a raté lorsque j’écris ces lignes.

    Je changerais si la transaction avec le code finit par apparaitre. Mais au delà de Paypal, il est important de connaitre tous les détails des transactions sur sa carte de crédit. Les fraudes sur les cartes de crédit sont parmi les plus importantes dans le monde et la transparence des transactions est essentielle.

    Si Mvola veut se frotter aux paiements internationaux, il doit absolument améliorer sa transparence des transactions. Le compte Selfcare en ligne est plutôt correct, mais l’application doit énormément s’améliorer pour qu’on puisse l’utiliser.

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur web depuis 2009 et webmestre depuis 2011. Je suis également un blogueur dans la vulgarisation scientifique et la culture.

    Je m'intéresse à tous les sujets comme la politique, la culture, la géopolitique, l'économie ou la technologie. Toute information permettant d'éclairer mon esprit et donc, le vôtre, dans un monde obscur et à la dérive. Je suis l'auteur de deux livres "Le Basilic de Roko" et "Le Déclin".

    Pour me contacter personnellement :

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *