Madagascar et les pays pauvres doivent-ils quitter l’OMS ?


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  • C’est une question que de nombreux pays pauvres et en développement commencent à se poser, face à la faillite de l’OMS sur le Covid-19 dans tous les domaines.


    C'est une question que de nombreux pays pauvres et en développement commencent à se poser, face à la faillite de l'OMS sur le Covid-19 dans tous les domaines.
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    Alors que la bataille contre le covid-19 se déplace désormais dans le sud, on se demande l’utilité même d’une organisation comme l’OMS. Elle a failli dans quasiment tous les domaines, avec toujours deux trains de retard alors qu’elle doit être en première ligne. C’est elle qui doit frapper la première, mais là, elle reste dans les lignes arrières, en regardant les différents pays, se débrouiller entre eux. Elle arrive toujours à la fin pour saluer la victoire ou dire tristement “qu’il faut encore faire des efforts”.

    La décision des USA de quitter l’OMS n’est pas lié à l’incompétence de cette dernière, mais au bras de fer avec les chinois. Considérant que la Chine a coopté l’OMS, à tort, Trump et ses sbires veulent attaquer les institutions internationales sur tous les fronts. Les motifs sont totalement différents, car Trump veut surtout séduire son électorat et le reste l’intéresse peu. En mai 2020, il y a eu des rumeurs selon lesquelles Madagascar envisagerait de quitter l’OMS. Rien de tel n’est arrivé, mais disons que Madagascar n’a pas apprécié le mépris de l’OMS envers le CVO, le traitement made in Madagascar.

    Le traitement a un certain succès. Il est modéré quand l’épidémie atteint son paroxysme, mais il semble efficace pour intervenir en amont. Quand le pays a lancé le CVO, l’OMS a déconseillé le traitement ainsi que l’académie malgache des sciences. Ici, je l’ai déjà expliqué, mais le lancement du CVO est davantage une pensée politique plutôt qu’une approche purement médicale. Ce qui est certain est que le Covid-19 a détruit littéralement la science occidentale.

    On a vu une science corrompue jusqu’à la moelle, protégeant ses intérêts en n’hésitant pas à mentir, à fabriquer de fausses études scientifiques et à glorifier le cul du néolibéralisme par tous les moyens. Madagascar a critiqué l’OMS sur le fait que cela aurait été différent si le CVO aurait été inventé par un blanc dans un pays riche. C’est plus complexe que la couleur de peau. Car l’OMS a méprisé également la chloroquine (elle l’a même abandonné aujourd’hui), mais elle continue de chanter tue-tête les mérites du Remdesivir qui est trop cher pour 99,99 % de l’humanité.

    On a vu une OMS, changer d’avis tous les quatre matins. Même la Chine s’est énervé contre l’organisation, elle lui reproche de ne pas avoir averti assez rapidement les autres pays sur l’épidémie, alors qu’elle avait sonné l’alerte générale dès mi janvier 2020. Mais c’est surtout les lobbies derrière, qui doivent inciter des pays pauvres comme Madagascar, envisager le départ de l’OMS, ou en tout pas, prendre ses distances pour lancer leurs propres initiatives.

    Le financement de l’OMS se base sur ses pays membres avec un partage entre une contribution obligatoire et volontaire. C’est la contribution volontaire qui constitue la majorité du financement de l’OMS de 5,48 milliards de dollars pour la période 2018/2019. Parmi les quatres plus gros contributeurs, on trouve les Etats-Unis, l’Angleterre, la Fondation Gates et l’alliance Gavi (cette dernière donne les vaccins aux pays pauvres). Vous avez également des organisations comme le Rotary Club, la Commission Européenne et l’Allemagne. Ces 7 contributeurs représentent quasiment 50 % du financement total de l’OMS. Et contrairement à ce qu’on pense, la Chine a un financement minoritaire, à hauteur de 90 à 100 millions.

    En fait au total, la Chine ne contribue qu’à hauteur de 0,22 % de l’OMS, ce qui, vous l’avouerez, n’est absolument pas suffisant pour influencer l’OMS. Et les principaux contributeurs sont européistes, atlantistes et partisans du néolibéralisme forcené. L’Allemagne à elle-seule donne trois fois plus d’argent que la Chine et on sait que l’Allemagne est le siège des plus grandes entreprises pharmacologiques.

    La critique contre des fondations comme Gates ne doit pas être du niveau du complotisme, mais du coté du néolibéralisme. Quand vous avez une infirmière avec sa seringue, alors vous pouvez être certain que le soldat suivra avec son fusil. Au fil des années, les organisations privées américaines contrôlent entièrement l’OMS et l’influencent d’une manière ou d’une autre. Sur le plan des génériques par exemple, l’OMS a été réticente pendant des années à se prononcer sur la bioéquivalence. Le résultat est que l’organisation ne cessait de promouvoir des traitements exorbitants pour la majorité des pays pauvres.

    Des pays comme Madagascar ont les ressources naturelles pour proposer des traitements efficaces contre de nombreuses maladies. La pharmacopée traditionnelle malgache est suffisamment riche. Sans doute qu’il faut l’améliorer un peu, mais depuis toutes ces années, le seul endroit où on pouvait en acheter était sur les étals des marchés à coté du poulet et des tomates. Comment voulez-vous qu’elle gagne ses galons ? Et là arrive le Covid-19 et le gouvernement tente de redynamiser le secteur avec le CVO.

    Et dans la foulée, l’OMS et plusieurs organisations influencés par une science occidentale pourrie, ont critiqué le médicament. Toutefois, l’OMS s’est reprise et soutient même des essais cliniques. Un professeur malgache a même été intégré dans Afro/OMS qui est une initiative visant à promouvoir la médecine traditionnelle en Afrique. Mais on se rend compte que le premier réflexe de l’OMS est de détruire toute alternative, pouvant contre-carrer les entreprises pharmacologiques. Elle ne revient sur sa décision que lorsqu’elle est forcée. L’exemple de la chloroquine est frappant. Si l’OMS avait soutenu ouvertement ce médicament, on aurait pu sauver des millions de vies.

    Dans sa lettre sur le Covid-19, Bill Gates a estimé que seules les grandes entreprises pharamacologiques peuvent nous sauver du covid-19, mais qu’elles ne le feront pas gratuitement. Selon ses termes, elle doivent “dé-risquer” leurs investissements par des fonds gouvernementaux. Voilà bien un langage abject néolibéral. Les gouvernements donnent des milliards à Big Pharma, celle-ci crée et vend les médocs à des prix exorbitants et ensuite, ils peuvent dire qu’ils ont sauvé le monde. Donc, les contribuables financent Big Pharma et ensuite, ils leur rachètent 1000 fois plus cher. Drôle de définition pour un bienfaiteur de l’humanité.

    A l’exemple de Madagascar, de nombreux pays africains ont lancé leurs propres remèdes anti covid-19. Mais il faut qu’ils aillent plus loin. Toute alternative sera détruite par l’OMS ou plutôt ceux qui la financent. Les pays riches n’ont pas besoin de l’OMS, ils ont les fonds pour créer leurs propres agences. En revanche, l’OMS sert de proxy pour ces types d’agence aux pays pauvres qui n’ont pas les moyens de les créer. De ce fait, elles dépendent énormément des fonds de l’organisation. Toutefois, les pays pauvres devront choisir entre une pharmacopée traditionnelle à bas prix et une autre qui a été entièrement conçue pour les pays riches.

    Quitter l’OMS sera très difficile dans un premier temps, mais les pays pauvres doivent profiter du Covid-19 pour réfléchir sur une prise de distance. Créer des petites structures indépendantes pour avoir une certaine autonomie sanitaire sinon ils ne quitteront jamais leur appellation de pays pauvres.

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    Houssen Moshinaly

    Rédacteur web depuis 2009 et webmestre depuis 2011. Je suis également un blogueur dans la vulgarisation scientifique et la culture.

    Je m'intéresse à tous les sujets comme la politique, la culture, la géopolitique, l'économie ou la technologie. Toute information permettant d'éclairer mon esprit et donc, le vôtre, dans un monde obscur et à la dérive. Je suis l'auteur de deux livres "Le Basilic de Roko" et "Le Déclin".

    Pour me contacter personnellement :

    2 réponses

    1. ringeval dit :

      Bonjour,
      pourquoi ne trouve t-on tes livres que sur amazon?
      et comme je boycotte amazon, comment je peux faire?
      cordialement

      • Houssen Moshinaly dit :

        Bonjour, parce que je ne peux publier que via cette plateforme en tant qu’auteur indépendant. Si tu trouve des versions piratées, ce n’est pas un problème. L’essentiel, c’est que les gens les lisent.

        Peut-être que ce sera disponible ailleurs si un éditeur est intéressé dans le futur

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