Madagascar : La pique inflationnniste


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  • Inflation irrattrapable, propagande de piqure débile, le mécontentement général de la population et tout cela sous une trame géopolitique.


    Inflation irrattrapable, propagande de piqure débile, le mécontentement général de la population et tout cela sous une trame géopolitique.
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    L’inflation est devenue la nouvelle normalité. Voir le prix du litre d’huile à 12 000 ar, c’est normal, voir le kg de riz à 2800 ar, c’est aussi normal. Cela montre l’échec total de ce gouvernement à juguler l’inflation. Malgré les milliers de tonnes importées à bas prix de l’Inde, cela ne marche pas. Car comme je l’ai dit, un pays n’est pas un tableau Excel où on va avoir des résultats mathématiques selon des formules. L’épicier, qui veut sa marge de 20 %, n’a pas les mêmes intérêts que le grossiste qui ne veut pas que l’Etat soit un concurrent, Etat qui veut baisser les prix. Et c’est là qu’on voit des technocrates qui sont hors sol.

    Car ils pensent qu’en inondant le marché, ils vont baisser les prix, mais c’est sans compter les circuits commerciaux existants. Le détaillant veut préserver ses relations avec ses grossistes et il ne va pas faire confiance à un Etat qui change de stratégie tous les quatre matin. De plus, importer de la nourriture est cohérent quand on a des pénuries. Nous avons toute la nourriture dont nous avons besoin, mais nous avons une inflation mondiale, mais surtout les spéculateurs. Mettez quelques grossistes en prison pour pénurie artificielle pendant quelques années et les prix baisseront par magie.

    Cela montre aussi que la souveraineté alimentaire n’est pas pour demain. Le développement d’un pays doit être toujours endogène, on n’a jamais pu développer un pays en la sous-traitant à quelqu’un d’autre. Mais la pénurie de médicaments est bien réelle. De plus en plus de pharmacies roulent sur des stocks tendus, car la moindre arrivée est rationnée pour éviter une rétention de stocks.

    Dans le même temps, on assiste à une propagande débile sur la piqure. Les médias, avides de peur, pour vendre leur torchon nous parlent de 3e, 4e et de 5e vague comme si c’était devenu des experts en lisant leur collèges journalistes occidentaux qui sont davantage compétents pour nettoyer les chiottes qu’autre chose. Je regarde rarement les chaines malgaches, mais j’ai pu voir par hasard leur spot publicitaire pour la vaccination. C’est d’une débilité inouie. Et surtout, la mention que “la vaccination ne sera pas obligatoire” a disparue comme par magie…

    Ceux qui font le forcing sont les cosmopolites, ceux qui pensent qu’il faut toujours s’inspirer de l’Occident. Le même Occident qui est vacciné à plus de 80 %, mais dont le taux d’infection est le même que les non vaccinés. Le vaccin n’empêche pas la transmission, il empêche légèrement les formes graves, mais si on traitait correctement les patients, on n’aurait pas de problème. Plutôt que d’utiliser les 100 millions de dollars de la Banque mondiale pour acheter des piquouses qui ne marchent pas, vaut mieux utiliser le fric pour construire des hopitaux, augmenter le nombre de lits et faire le stock de traitements comme l’azithromicine, la chloroquine, l’ivermectine ou encore le CVO.

    Clairement, la piqure comme une baguette magique est un désastre et vous avez des pays comme l’Autriche, vacciné à 64 %, mais qui se reconfine entièrement jusqu’en février 2022 ! Madagascar est actuellement à 1,4 %, on a de la marge. J’anticipe déjà ce qui va se passer. Déjà, cette vaccination va devenir comme un abonnement Netflix où il faudra avoir sa dose tous les trois mois, sinon le précieux carnet de piquouse, qui permet aux cosmopolites malgaches d’aller à Paris, à Dubai, à Maurice ou Bombay sera obsolète. Car fondamentalement, la partie de la population qui hurle comme un putois terrifié face à cette petite grippe, est totalement lavée cérébralement par les occidentaux qui sont les pires en terme de gestion au monde.

    Maintenant que les frontières sont ouvertes, laissons le virus circuler, pour qu’il contamine toute la population, afin d’avoir l’immunité naturelle qui est supérieure à toutes les piquouses. De plus, c’est le variant Delta, très contagieux, mais très peu mortel. Avec Pfizer qui a désormais sa pilule, le Paxlovid, il va pouvoir nous dire que la piqure n’est pas suffisante et qu’il faut acheter sa merde. La boite coute 600 dollars selon les dernières estimations, mais Pfizer a grand coeur, il nous dit qu’il va le proposer à petit prix, 100 dollars la boite, aux pays pauvres. Et ces derniers devront mendier auprès de la Banque mondiale pour acheter des pilules qui sont chères et qui ne sont pas plus efficaces que les traitements actuels qui coutent que dalle.

    Une autre affaire qui ébranlé le pays est l’arrivée de Rothschild & Co à Madagascar comme conseiller financier. C’est le signe flagrant de l’impuissance monétaire du gouvernement puisqu’il va emprunter sur les marchés financiers pour ses projets. Cela signifie que des secteurs entiers du pays vont être aux mains des multinationales. Pour quelqu’un qui parle de souveraineté à toutes les sauces, autant dire que c’est un aveu d’impuissance cuisant. Pendant les deux premières années, le gouvernement Rajoelina a donné le change et la crise du Covid-19, qui a été bien géré comparé à d’autres pays, a caché la vision néolibérale et progressiste. Avec l’arrivée de la finance, le pire est devant nous.

    On a aussi une petite affaire qui m’a fait bien rigoler. Une délégation de l’Union Européenne vient nous dire comment nous devons organiser nos élections présidentielles. Attendez que je comprenne. Vous avez l’Union Européenne qui n’est pas élue par qui que ce soit, avec des membres qui ne sont pas non plus élus, qui viennent nous dire comment on doit élire le président ? J’aimerais qu’une délégation malgache aille au Parlement Européen pour demander pourquoi les Pays-Bas ont tiré à balles réelles sur sa population qui refuse le passe sanitaire. C’est à dire qu’on a des policiers qui tirent sur des gens afin de leur imposer une piqure, censés leur sauver la vie…

    Le gouvernement Rajoelina s’est totalement aligné sur l’Occident, notamment l’axe UE-USA et ces deux entités n’ont jamais pu développer un seul pays au monde. L’UE s’engraisse comme un porc sur le dos des allemands et des français et les USA utilisent leur force militaire pour que le monde entier travaille pour eux.

    Mais derrière ces remous de la vie quotidienne, n’oublions pas la géopolitique qui est assez intense depuis l’arrivée du gouvernement Rajoelina. Je l’ai déjà à plusieurs reprises, mais les deux gouvernements précédents avaient choisi de s’adosser à la Chine et délaisser l’Occident. Ce gouvernement a fait le contraire et c’est une mauvaise chose, car l’Occident est sur le déclin. Ces dernières semaines, le Japon a redoublé son offensive diplomatique à Madagascar et Tokyo est dans l’axe de Washington contre la Chine.

    On a eu le don de 5 navires intercepteurs pour renforcer les garde-côtes et cette stratégie s’inscrit dans ce qu’on appelle l’Indo-Pacifique qui est une zone de bataille intense entre des pays dans l’Océan Indien et celui du Pacifique. L’enjeu est clair, contrer la puissance maritine chinoise dans cette région et gérer le déclin de l’Occident face au dragon. Le Japon est également le principal partenaire du grand projet d’extension du port à Tamatave qui sera terminée en 2025. La tendance des dirigeants malgaches à aller vers les Occidentaux montre aussi un signe certain de l’alignement avec l’Occident. Normal, la majorité des membres de ce gouvernement sont proches de l’élite politique française.

    Toutefois, délaisser la Chine n’est pas la meilleure option. D’une part, parce que c’est notre principal partenaire commercial, qu’il ne faut pas oublier que ce sont les entreprises chinoises qui ont permis d’extirper Madagascar du marasme économique dans les années 2000, après 20 ans de socialisme sous Ratsiraka. Mais on ne doit pas oublier que les méthodes de travail ne sont pas les mêmes.

    La communauté chinoise à Madagascar est la plus importante de toute l’Afrique et l’aide chinoise continue, même si c’est sur des fréquences plus modérées. Il ne faut pas être naif envers la Chine ou un autre pays. Chacun défend ses propres intérêts. Dans une situation géopolitique où Madagascar intéresse beaucoup de pays, la meilleure stratégie est de regarder le plus offrant. Le gouvernement doit faire jouer la concurrence plutôt que d’axer sa géopolitique sur une idéologie bête et méchante qui n’amènera rien de bon.

    Et on termine par un mécontentement général de la population qui est de plus en plus visible à cause de l’inflation. Parce que oui, on peut créer des routes, des parcs d’attraction, aller faire le mariole à Glasgow sans aucun résultat, le troufion de base détermine si le gouvernement travaille pour lui en fonction de ce qu’il peut acheter ou non avec son maigre salaire. Et pour le moment, les fins de fête d’année approchant, on risque d’avoir plutôt un carême prolongé plutôt que toute la population qui mange à sa faim.

    Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

    Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur web depuis 2009 et webmestre depuis 2011. Je suis également un blogueur dans la vulgarisation scientifique et la culture.

    Je m'intéresse à tous les sujets comme la politique, la culture, la géopolitique, l'économie ou la technologie. Toute information permettant d'éclairer mon esprit et donc, le vôtre, dans un monde obscur et à la dérive. Je suis l'auteur de deux livres "Le Basilic de Roko" et "Le Déclin".

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