Ubistouquette


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  • Ce qui s’est passé chez Ubisoft montre que les comportements abusifs sont la norme et non une exception. Mais c’est lié à la mentalité des gens dans le secteur.


    Ce qui s'est passé chez Ubisoft montre que les comportements abusifs sont la norme et non une exception. Mais c'est lié à la mentalité des gens dans le secteur.
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    On en parle pendant quelques jours et puis, on passe à autre chose. L’affaire de harcèlement massif et systématique chez Ubisoft a fait la une pendant quelques temps. Ensuite, les hyènes médiatiques, serviles jusqu’aux tréfonds, ont passé la pommade. C’est hilarant qu’on tend les principaux micros aux principaux accusés, en leur demandant de se justifier délectamment et avec une certaine envie. La prostitution médiatique bat son plein. Les dirigeants d’Ubisoft, faisant semblant de s’effaroucher, devant le comportement dans leur entreprise, a de quoi faire rigoler un dépressif atteint du covi-19.

    On fait quelques “stages” de formation, on fait des “planifications”, on fait des formations de “sensibilisation” comme si s’asseoir pendant quelques minutes dans une journée de 24 heures suffirait à changer quoi que ce soit. Quand à dire que c’est le mouvement Me Too du jeux vidéo, faudrait peut-être rappeler que l’une des principales figures de Me Too, Asia Argento, a été accusé de viol sur un acteur… Comme quoi, c’est “celles et ceux” qui bavent le plus, qui ont la culotte bien mouillée à la base.

    Le harcèlement et le sexisme dans les jeux vidéo ne sont pas un comportement abusif. Non, ce sont les ingrédients qui font marcher ce secteur. Le Gamergate l’a montré et la politisation des joueurs, par l’ère Trump, l’a aussi démontré de manière magistrale. De la même façon qu’il y a une coordination pour dénoncer les abus, de même, il y a une coordination pour montrer qu’être “sexiste, harceleur et beauf” est une qualité du virilisme ambiant. Notons que je déteste le féminisme et bien des mouvements gauchistes mortifères, qui me font comprendre que plus vite l’humanité disparaitre, plus vite, on sera “bien et tranquille”. La même chose pour les fachos.

    Ces comportements abusifs vont continuer pour une raison banale, que le secteur du jeux vidéo, affiche une mentalité et un comportement, qui n’a pas changé depuis les années 1990 tandis que les consommateurs du secteur ont davantage de jupes et de jeans serrés avec les cheveux bleus en prime. Aujourd’hui, ce sont les femmes qui sont majoritairement des joueuses. 55 % dans des pays comme l’Angleterre et quasiment 60 % au Japon et en Corée du sud. Mais la mentalité toxique ambiante, considère que si tu n’achète pas un PC à 5000 balles et que tu ne farmes pas pendant des heures, et que tu ne sois pas un PGM en faisant des heads shots à chaque fois, alors tu n’est pas un joueur.

    Ce comportement, sur le “joueur suprême” qui passe toute la journée dans les jeux, semble être une image d’épinal, un cliché de la plus belle eau, mais c’est autour de ce cliché que se structure l’entièreté du jeu triple A et de l’informatique en général. Il suffit de voir les composants de PC, semblant à des armures de Predator et des couleurs chatoyantes, tuning voiture ou tuning pc, choisis ton camp, camarade viril. Les jeux mobile, prisés par les femmes et le grand public, sont méprisés. “Oh ! tu joue à Clash of Clans, que c’est mignooonnnn !”.

    On va dire que cela n’a rien à voir avec Ubistouquette puisque là, ce sont des développeurs, mâles et femelles (t’as vu, je parle comme un progressiste) qui sont harcelés. Mais qui sont ces harceleurs, qui sont ces joueurs suprêmes, ils étaient de ma génération, ceux qui ont plus de trente ans et qui ont fait un petit exploit qu’on appelle “créer le secteur jeux vidéos de a à z”. C’est la génération 80, la mienne, qui a créé tout le secteur actuel des jeux. Allant des consoles Amiga jusqu’aux gameboys et qu’on dépensait tout l’argent de poche de la semaine, pour avoir une partie dans les bornes dans les arcades. Nous avons créé ce secteur et par conséquent, il doit nous appartenir et les autres ne sont pas les bienvenus.

    Et dans les jeux des années 1980, on en chiait un max. Tu avais un jeu et tu te débrouillais tout seul, marche ou crève, gagne ou sois un lamentable looser. Les limites technologiques ont fait que les jeux, qui ont créé les joueurs suprêmes, sont les pires qu’on ait jamais créé. Et cela nous a structuré au niveau mental et génétique. Je me souviendrais toujours d’un jeu de mon enfant, les Schtroumpfs sur Super NES. Dire que ce jeu m’a à la fois traumatisé et fait jouir comme un puceau que j’étais, est un euphémisme. Les graphismes sont superbes pour l’époque, car en ces temps anciens, on se passionnait pour les Schtroumpfs comme les débiles profonds d’aujourd’hui suivent délicieusement la famille Kardashian.

    Le jeu était cartoonesque à souhait, mais sa difficulté était légendaire. C’était une vraie saloperie dans tous les niveaux, mais c’est le boss de fin, Gargamel, qui vient encore me hanter toutes mes nuits, alors que je passe mes 38 ans. Tu arrive dans un niveau et tu as Gargamel qui te balance des attaques. Il y a son oiseau qui vole au dessus de lui, qui t’attaque aussi, soit avec des pierres ou des oeufs. Et tu t’échine pendant des heures et des journées entières à attaquer ce connard et il ne bouge pas. Moi, j’ai eu la solution dans un rêve, neurones ravagées par des heures d’échec qui ont mitonné une mixture, en essayant de combiner tous les éléments de la scène pour y voir plus clair.

    Entre toi et le sorcier, tu a une balançoire. L’oiseau vole au dessus et de temps en temps, il balance des oeufs. Tu dois te mettre sur l’un des cotés de la balançoire pour que l’oiseau jette l’oeuf sur sa position et tu dois reculer en un quart de seconde. Ensuite, dans le prochain quart de seconde, tu dois sauter sur l’autre coté de la balançoire pour balancer l’oeuf sur Gargamel tout en évitant ses propres attaques. Il faut le faire 5 à 10 fois pour l’avoir. J’ai eu un liquide blanc qui a coulé de mon pantalon quand j’ai réussi, tellement l’extase était suprême de mes 12 ans. Cette solution était nulle part, pas d’internet, pas de magazines, car on était trop pauvre.

    C’est cette époque qui caractérise le joueur suprême. Tu en chie le maximum et plus tu en chie, plus c’est bon. En 2020, j’ai changé, toujours beauf et misogygne sur mes heures de loisir, mais le jeu vidéo, je m’assoie dessus. J’ai acheté le pack d’Itch.io pour la bonne cause, mais je n’a pas joué à un seul jeu. Mais les mecs chez Ubisoft, ceux sur les réseaux sociaux et qui se considèrent comme de vrais joueurs, n’ont jamais changés depuis qu’ils ont battus Gargamel. Ils sont restés des adolescents immatures, dans leur mentalité, considérant que le jeux vidéo doit être réservé au “meilleur du meilleur des meilleurs”. N’oubliez pas que la majorité des patrons de gros studios et dans toutes les plateformes de divertissement, mais aussi dans les médias spécialisés, sont ces joueurs suprêmes de la génération 80 et qu’ils n’ont pas changés leur mentalité, car ils ne le veulent pas.

    Ils refusent de comprendre qu’une midinette de 15 ans, coiffée comme Broly et habillée comme Sailor Moon, est le paragon du joueur suprême aujourd’hui. Le jeu est devenu mignon et les joueurs suprêmes sont les rois de la mignognitude. Et donc, vous avez cette minorité qui joue au caids dans les FPS et pour les jeux adaptés pour des mollusques et des décérébrés, qui ne supporte pas que le secteur qu’ils ont créé de leurs mains, ne soit plus leur propriété éternelle et exclusive.

    Les comportements abusifs sont la norme dans les jeux vidéos et ils ne vont jamais disparaitre. Les scandalettes, c’est bon pour vendre des feuilles de caniveau, mais les mêmes qui dénoncent, vont ensuite se mettre à quatre pattes pour lécher le cul des puissants. C’est une lutte de classes qui est aussi une lutte de castes et ceux qui sont au sommet, vont le rester par tous les moyens. C’est comme ça et cela ne changera jamais.

    Houssen Moshinaly

    Rédacteur web depuis 2009 et webmestre depuis 2011. Je suis également un blogueur dans la vulgarisation scientifique et la culture.

    Je m'intéresse à tous les sujets comme la politique, la culture, la géopolitique, l'économie ou la technologie. Toute information permettant d'éclairer mon esprit et donc, le vôtre, dans un monde obscur et à la dérive. Je suis l'auteur de deux livres "Le Basilic de Roko" et "Le Déclin".

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