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Madagascar : Entre développement et lubies mégalomaniaques

J’ai traduit un article qui parle de la dette de la Zambie et comment on a accusé faussement la Chine de l’avoir endetté pour mettre la main sur ses ressources. L’article démonte entièrement le mythe de la piège à dettes, hurlé sans cesse par les Occidentaux en sachant que l’article provient de Harward qui est connu pour être ouvertement sinophobe.

Cependant, il y a un point dans l’article qui peut concerner Madagascar et comment il est perçu à l’étranger. A un moment, l’auteur parle de l’hyper-développement dans le sens où les pays pauvres, privés d’infrastructures pendant des décennies, ont des ambitions beaucoup trop irréalistes. En bref, cet auteur sous-entend que les pays pauvres doivent rester à leur place et qu’ils ne doivent pas rêver de devenir des pays riches.

C’est non seulement stupide, mais c’est aussi teinté de mentalité néocoloniale. Si les peuples ne peuvent pas rêver à un avenir meilleur, alors autant qu’ils se suicident tout de suite ! Non, aucun projet n’est irréaliste pour un pays, car l’Etat est à l’image d’un Dieu, il peut tout faire. Il peut créer de la monnaie, lui donner la valeur qu’il veut, il peut décider de la vie et de la mort de ses citoyens et donc, il peut réaliser tous les rêves ou les cauchemars. Cela dépend de qui est au gouvernement et surtout, il agit pour le compte de qui.

Si vous avez un gouvernement souverainiste et nationaliste dont les dirigeants, en se levant le matin, se demandent comment ils pourront nourrir leur peuple, alors aucun rêve n’est impossible. Il n’y a pas de projets irréalisables pour un pays, le barrage des trois gorges en Chine, la plus grande centrale hydroélectrique au monde, est tellement gigantesque qu’il a ralentit la rotation de la Terre de 0,06 microsecondes. Et pourtant, la Chine n’était pas aussi puissante qu’aujourd’hui quand elle l’a construit.

Dubai, qui a construit ses îles artificielles, était une petite île composé de déserts et de bédouins. Cela ne l’a pas empêché de devenir l’un des pays les plus beaux au monde (même si techniquement, Dubai est en faillite depuis des années). Tout est une question de planification. En revanche, il faut différencier les grands projets par rapport aux lubies des dirigeants.

Parmi les grands projets que je rêve pour Madagascar, il y a la souveraineté alimentaire via un investissement massif dans l’agriculture. La souveraineté énergétique via une filière nucléaire et l’industrie de produits haut de gamme en nationalisant les matières premières et en incitant les investisseurs à les transformer directement sur place comme ce qu’est en train de faire l’Indonésie.

Oui, ce sont des projets qui nécessitent des dizaines de milliards de dollars, mais ils ont un point commun avec ceux que j’ai cité est qu’ils sont nécessaires. Les chinois n’ont pas créé le barrage des trois gorges pour le plaisir, c’était nécessaire pour leur autonomie énergétique. Dubai a créé les îles artificielles pour attirer les grosses fortunes et devenir une destination touristique. La même chose quand Pierre Messmer développe la filière nucléaire en France, c’était nécessaire pour l’avenir de la France.

Mais un téléphérique à Antananarivo n’est pas nécessaire, une autoroute Tana-Tamatave n’est pas prioritaire. Elle peut être nécessaire dans le futur, mais cela ne vaut pas le coup de s’endetter pour 1 milliard de dollars si on crève de faim et qu’on doit s’éclairer à la bougie. Pour réaliser des grands projets pour développer un pays, il faut des planificateurs, de véritables génies qui peuvent voir sur 30 ou 40 ans et on a eu notre lot de visionnaires dans le passé. Aujourd’hui malheureusement, c’est une espèce qui se fait rare. Et on se contente de projets pharaoniques, juste pour faire la une des médias alors que cela apporte que dalle à la population.

N’ayons pas peur de rêver pour qu’un jour, Madagascar soit un pays riche et puissant et ce n’est pas irréalisable. Il suffit d’avoir les convictions pour tenir la barre sous la tempête (car il y a plein de forces qui veulent que Madagascar reste pauvre) et on doit planifier chaque étape avec une vision à long terme.

Madagascar : Entre crises perpétuelles et espoirs sans lendemain

Si dans les cartes postales, Madagascar possède une image idyllique, faisant baver les occidentaux qui respirent de la brique à longueur de journée, la réalité est toute autre. Pauvreté, misère, famine, corruption, népotisme, autant de mots qui sont coupables des maux malgaches.

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