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La cryptomonnaie Gram et la blockchain TON de Telegram

Telegram envisage de lancer sa propre cryptomonnaie appelée Gram et sa blockchain appelée TON (Telegram Open Network). Le potentiel est monstrueux, car cela permettrait aux 180 millions d'utilisateurs de la messagerie de bénéficier d'un mode de paiement décentralisé, car cette blockchain ne possède pas les inconvénients d'un Bitcoin ou d'un Ether. Mais reste à déterminer si cette Blockchain et cette cryptomonnaie sont capables de tenir leurs promesses.

Telegram prévoit de lancer sa propre plate-forme blockchain et sa crypto-monnaie pour les paiements sur son application de chat et au-delà. Selon plusieurs sources qui ont parlé à TechCrunch, le Telegram Open Network (TON) sera une nouvelle blockchain de troisième génération avec des capacités supérieures au Bitcoin et à l’Ethereum.

Le lancement sera financé par une gigantesque Initial Coin Offering avec des préventes privées allant jusqu’à des centaines de millions ce qui en fait potentiellement l’un des plus grands ICO à ce jour. La demande est motivée par le fait que Telegram est une plate-forme de messagerie bien établie utilisée dans le monde entier plutôt qu’une startup inconnue.

L’adoption d’une crypto-monnaie native à Telegram offrirait une énorme indépendance à la messagerie vis-à-vis de tout gouvernement ou banque et c’est un objectif voulu par le cofondateur et PDG Pavel Durov après la mainmise par les investisseurs de sa dernière société qui était le réseau social russe VK.

L’énorme potentiel d’une crypto-monnaie dans Telegram

Avec des crypto-monnaies dans Telegram, les utilisateurs peuvent contourner les frais de transfert lorsqu’ils envoient des fonds dans le monde entier, déplacer de l’argent en privé grâce au chiffrement de l’application, effectuer des micropaiements qui impliquent des frais de carte de crédit trop élevés.

La cryptomonnaie TON (Telegram Open Network)

Telegram envisage de lever jusqu’à 500 millions de dollars pendant l’ICO, mais cela pourrait atteindre une valeur potentielle de l’ordre de 3 à 5 milliards de dollars. Cependant, ces chiffres pourraient changer avant l’ICO qui pourrait arriver dès mars 2018. Ces chiffres en feraient probablement la plus grande ICO après Tezos qui a recueilli plus de 230 millions de dollars en juillet.

Une pré-vente dans un ICO est un plafond minimum sur les investissements (parfois avec des réductions) pour attirer les gros investisseurs avant une vente symbolique plus large aux investisseurs de détail. La phase publique de vente au détail d’une ICO a tendance à stagner parce qu’il y a de nombreuses entités qui investissent de petites sommes. Mais le fait d’inciter l’ICO à passer par l’investissement institutionnel inspire confiance aux investisseurs de détail.

Ces investisseurs avant la vente doivent mettre 20 millions de dollars au minimum s’ils ne connaissent pas personnellement Durov. Des sources affirment que l’ICO aura besoin d’une monnaie fiduciaire réelle comme le dollar américain pour l’adhésion et non de Bitcoin ou d’Ether comme d’autres ICO.

Des entreprises d’investissement institutionnelles de premier ordre ont manifesté leur intérêt, mais Durov se montrerait réticent à accepter leurs liquidités. Le groupe Mail.Ru, fondé par l’émigré russe Yuri Milner, aurait fait l’objet d’une demande d’achat anticipé.

Comprendre le Telegram Open Network (TON)

L’idée de Durov est de lancer une blockchain entièrement nouvelle en utilisant les 180 millions d’utilisateurs du Telegram comme carburant pour populariser l’adoption de la cryptomonnaie et faire en sorte que Telegram soit la principale usine qui fabrique cette cryptomonnaie.

Selon le livre blanc de Telegram examiné par TechCrunch, cette crypto-monnaie sera appelée Gram et elle pourrait devenir très populaire, car elle serait associée à l’application de chat de Telegram. Des sources indiquent que Durov a décidé de combiner à la fois une infrastructure centralisée et décentralisée, car un réseau totalement décentralisé n’évolue pas aussi vite que celui qui comporte certains éléments de centralisation d’où la nécessité pour Telegram de posséder sa propre chaîne de blocs.

Le passage à une plateforme de blockchain décentralisée permettrait à Telegram de faire d’une pierre deux coups. En plus de créer une économie de crypto-monnaie à part entière dans l’application, elle l’isolerait également contre les attaques et les accusations des États comme l’Iran où elle représente désormais 40 % du trafic Internet iranien, mais elle a été temporairement bloquée à cause des manifestations nationales contre le gouvernement.

Telegram a joué un rôle d’équilibriste politique délicat pour essayer de garder ses utilisateurs dans le pays en fermant certains canaux qui manifestaient contre le gouvernement.

Similaire aux paiements dans WeChat, mais étant chiffrés

Avec TON, Telegram vise à développer un utilitaire basé sur la crypto-monnaie similaire à WeChat, qui s’est étendu au-delà d’une simple messagerie et qui fonctionne comme un mécanisme de paiement par défaut en Chine.

Même si on peut effectuer rapidement les paiements dans WeChat pour une variété de services, le système reste très centralisé. Une plateforme décentralisée telle que TON pourrait offrir plus de sécurité et de résilience. Des sources affirment que Telegram permettra aux utilisateurs de détenir à la fois la cryptomonnaie de Telegram et de la monnaie fiduciaire dans un portefeuille.

Il y a aussi l’écosystème de développeurs sur Telegram où les bots et les services sont offerts par des développeurs tiers. TON pourrait, en théorie, alimenter toutes les transactions par les développeurs.

Le fonctionnement de Telegram Open Network

Dans un livre blanc de 132 pages, Telegram a esquissé un plan en quatre étapes :

La Blockchain de Telegram sera également constituée d’un Routage Hypercube Instantané conçu de sorte que la blockchain peut maintenir la vitesse maximale indépendamment des conditions. Son approche de la preuve de travail permettra d’atteindre un consensus grâce à une variante du protocole Byzantine Fault Tolerant. Et cette Blockchain utilisera également des 2-D Distributed Ledgers. Cela signifie que la Blockchain TON peut développer de nouveaux blocs valides au-dessus de tous les blocs qui sont incorrects pour éviter les forks inutiles. En d’autres termes, le Telegram Open Network peut s’auto-corriger.

La Blockchain TON sera basée sur une preuve de travail dynamique sécurisée par plusieurs parties avec un degré élevé de tolérance aux erreurs. Elle s’occupera également du stockage des pièces d’identité, des paiements et des contrats intelligents. Ainsi, au lieu de s’appuyer sur une preuve de travail pour créer sa monnaie, Telegram s’appuiera sur une nouvelle méthode de minage de crypto-monnaie moins gourmande en énergie que le Bitcoin.

L’ambition est qu’elle supportera un nombre de transactions largement supérieur, environ 1 million par seconde. En d’autres termes, c’est similaire au projet Polkadot, mais avec une base de 180 millions d’utilisateurs.

Protéger la cryptomonnaie de Telegram contre la spéculation

Le livre blanc de cette cryptomonnaie Gram précise également que 4 % des Grams (sur les 200 millions) seront réservés à l’équipe de développement de Telegram avec une période d’acquisition de quatre ans. Telegram prévoit également de conserver au moins 52 % de la totalité de la crypto-monnaie Grams pour la protéger des opérations spéculatives et maintenir sa flexibilité. Les 44 % restants seront vendus à la fois en vente publique et privée.

La cryptomonnaie sera listée sur les échanges externes et utilisée dans l’application Telegram. En termes de calendrier, le premier trimestre de cette année verra le lancement du Telegram External Secure ID suivi d’un MVP (Produit minimum viable) de TON. Le lancement du portefeuille de Telegram est prévu pour le quatrième trimestre 2018 et la création de l’économie basée sur TON pourrait être lancée au premier trimestre 2019. Le reste des services TON suivra au deuxième trimestre 2019.

Les frères Durov

Pavel Durov et son frère Nikolai Durov, un génie en mathématique, ont été à l’origine de la création de VK, le Facebook russe, estimé à 3 milliards de dollars, mais ils ont été forcés de vendre leur participation dans l’entreprise à des oligarques profondément liés à Poutine. Même si Pavel a réussi à négocier une sortie avec un gros bénéfice, on sait qu’il est devenu très méfiant envers les investisseurs externes depuis cette affaire.

Pavel aurait quitté la Russie avec 300 millions de dollars et 2000 Bitcoins et après avoir acheté une citoyenneté à Saint-Kitts-et-Nevis, il partagerait son temps entre Londres, Dubaï et la Russie. Le passage de Telegram à la cryptomonnaie lui permettrait de devenir immensément riche tout en transformant potentiellement Telegram en un vaste réseau de paiement protégé contre l’ingérence des gouvernements.

Traduction de l’article de Techcrunch

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