Joker, un gloubi-boulga ennuyeux à mourir
On attendait le film du Joker avec impatience. Mais force est de constater que la prestation de Joaquin Phoenix fait plus ou moins bailler aux corneilles. Si vous avez vu le Joker dans ce film, alors comme lui, sachez qu’il n’existe que dans votre imagination.

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Le Joker de Todd Phillips est un film qui aurait pu être imaginé par l’un des frères cyniques au centre de la trilogie Hangover du réalisateur lors d’une stupeur noire. Joker imagine une ville de Gotham qui ressemble étrangement à Manhattan au début des années 80, avec des rues pleines de criminalité, des titres de films comme Blow Out et Zorro.
Un Joker sans aucune imagination
Des plans sur les chapiteaux et les ordures qui s’accumulent en raison d’une grève des ordures. L’air est puant de morosité et de décadence et Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), notre prince clown du crime, fait partie de la population moralement morose. Fleck est un clown maigre qui travaille sur les trottoirs et les salles d’hôpitaux tout en rêvant de devenir une vedette.
Il se fait brutalement tabasser par un groupe de délinquants dans la première scène du film. Alors qu’il saigne dans une allée imbibée d’écume, la fausse fleur sur son revers laisse échapper un flot pathétique d’eau. Ce serait drôle si la réalisation et le cadrage n’étaient pas aussi arrogants et sans humour. C’est grave, semble dire Phillips, comme s’il avait prosaïquement modifié le mantra anarchique du Joker de Heath Ledger dans The Dark Knight de Christopher Nolan.
Fleck, sur beaucoup de ses points faibles, se contente d’utiliser les gimmicks, les réflexes et les rires du Joker. Dans une scène, on a un panneau qui dit “Ne pas oublier de rire” et avec un marqueur, Fleck va raturer certaines parties pour que cela devienne “Ne pas rire”. Cette action résume ce Joker, qui est faite presque entièrement à partir de parties préexistantes d’autres films, les connexions ont été retravaillées juste assez pour éviter le plagiat et les résultats ont ensuite été recouverts d’une patine de solennité paranoïaque.
Comme Taxi Driver, mais à des année-lumières
Les influences cinématographiques ici ont été bien documentées, bien avant que ce film, étonnamment prenne le premier prix au récent Festival du film de Venise. Un peu de Taxi Driver, une pincée de la La Valse des pantins, avec Robert De Niro, qui interprète Murray Franklin, pour faire la connexion Scorsese. Franklin tient une émission nocturne de Talk Show et Fleck l’idolâtre, mais il va en faire rapidement sa bête noire parce que Franklin l’a ridiculisé.
Une série de violences perpétrées se déroule comme dans French Connection tandis que le solitaire Fleck entretient une relation avec sa mère toquée, Penny (Frances Conroy). Phillips ajoute une vision ironique d’un numéro de danse de Fred Astaire à la télévision en essayant de faire passer Fleck pour un Charlie Chaplin des temps modernes.
Le milliardaire Thomas Wayne (Brett Cullen) compte parmi les sans-cÅ“ur. Et si vous pensez que son fils, Bruce (Dante Pereira-Olson), ne figure pas dans le film, alors vous n’avez rien compris. C’est subtil, quasiment inexistant, mais Phillips semble nous crier : “Attendez, ce n’est pas un film quelconque sur un solitaire, regardez, il y a les Wayne !”
Ce Joker m’ennuie, mais m’ennuie !
Beaucoup de critiques par des féministes hystériques et une bien-pensance nauséabonde, considèrent ce film Joker comme un manifeste pour le mouvement des Incels. Je pense qu’elles se sont trompé de film. En dépit de quelques vagues allusions comme une horde de manifestants déguisés en clowns, le cadre assez explicite de la période neutralise à peu près tout lien important que Joker entretient avec notre présent tumultueux. La violence, quand elle survient, est probablement l’élément le plus présent du film.
C’est un graphique aussi frappant que celui de Tim Miller, Deadpool, et presque insensé. Il est évident que Phillips pense revenir à l’expressionnisme de Taxi Driver, faisant plusieurs fois référence au moment où le film tourne à la mitraillette et imitant ses qualités floues dans la réalité via les interactions de Fleck avec sa sympathique voisine, Sophie Dumond ( Zazie Beetz).
Joaquin Phoenix, un trou noir de performance
Cela nous amène à la méthode impressionnante, mais incongrue, de la méthode Phoenix, un trou noir impressionnant au centre d’un film qui, autrement, éclabousse toute la saleté sur les bords. Fleck rit à des moments inopportuns à cause d’une maladie neurologique. Il fait de petites postures ridicules et contorsionne son corps émacié en positions déconcertantes et déchirantes. C’est probablement la perte de poids de masse la plus inutile, Phoenix a dû perdre environ 50 kilos pour le rôle depuis que Christian Bale est devenu cadavérique pour The Machinist de Brad Anderson.
Scène par scène, il est clair que Phoenix est en train de tenir une conversation que personne d’autre ne peut entendre et il est attaché à une idée très éloignée du Joker. Quand il enfile enfin le maquillage blanc emblématique et devient psychopathe, on s’en fout royalement puisqu’aucun travail de fond narratif ou émotionnel n’a été établi.
Et comme quand le Joker apparait finalement, Phoenix n’a rien à envier à Jack Nicholson dans Batman de Tim Burton, ni à Mark Hamill dans Batman: The Animated Series, qui ont tous deux trouvé le juste équilibre entre humour noir et malaise. Phoenix, en revanche, est tellement emmerdant (“Je n’ai que de mauvaises pensées”, explique-t-il dans une scène) qu’il devient rapidement fastidieux. Et, comme Fleck, ce Joker devant un public, voit des éclats de rire, des larmes et des applaudissements qui sont entièrement imaginaires.
Franchement on a pas vu le même film, dire que le tabassage des ado étaient important alor qu’Arthur lui même dans le film dit que ce n’est rien et il a eu une douleur manifeste quand son patron l’a menacé de le virer ce qui une petite raisons de sa transformation c’est osé.
Ce Joker est énorme dans le sens ou il est flippant sans en faire des tonnes, même si on peut avoir une petite empathie pour lui, il devient détestable.
Il n’a plus une once d’humanité mais pour une fois on sait pourquoi. Pour la 1ere fois, le sacro saint Thomas Wayne est méprisable, et pour une fois on a une explication logique d’une haine qui vient de loin. C’est la 1ere fois que les rires sont glaçants parce que on sait pourquoi ils n’interviennent.
Dommage que ce soit un film unique, maintenant que le cadre est posé le combat avec Bruce Wayne aurait pu être quelque chose de jamais vu au ciné avec un tel Joker.