Aquaman : Plongeon réussi pour Jason Momoa dans le royaume de l’Atlantide

Après de brèves introductions dans les films Justice League et Batman v Superman, Jason Momoa a finalement plongé dans le royaume d’Atlantide avec Aquaman. C’était un pari risqué pour DC Comics. D’une part, Justice League et Batman v Superman n’ont pas été à la hauteur des attentes, mais DC a compris une chose. Il est médiocre dans les films combinés, mais excellent dans les films en solo, la preuve avec le succès monstrueux de Wonder Woman. Avec une narration plus poussée de chaque personnage, DC nous propose un film de très bonne facture pour Aquaman alors qu’encore une fois, ce n’est clairement pas le héro qu’on attendait.
Aquaman, sous la réalisation de James Wan, livre un film attendu par les fans des bandes dessinées et il a la chance d’avoir la légèreté que Momoa apporte à un rôle qui aurait pu boire la tasse. Le timing est également superbe, car il n’a pas vraiment de concurrents pour les sorties en fin d’année et les chiffres au box office montrent déjà un carton au niveau mondial, notamment en Chine. On a souvent parlé de l’échec des effets spéciaux des films DC, mais que toutes les mauvaises langues la ferment à jamais. Le royaume sous les mers d’Aquaman est resplendissant en IMAX. Même les films Marvel ne réussissent pas à donner l’immersion proposée par Aquaman, en tout cas, dans ce domaine précis.
Concernant l’intrigue, Aquaman prend place peu de temps après les événements de la Justice League, avec Arthur, un héros réticent qui utilise ses capacités mi-humaines, mi-atlantes pour sauver ceux qui ont besoin d’aide. Dans le flashback et la voix off, Arthur révèle qu’il est le fils de la reine Atlanna (interprétée par Nicole Kidman) et du gardien de phare Thomas Curry (Temuera Morrison), tombés amoureux malgré les différences entre leurs mondes. Mais Atlanna revint en Atlantide quand Arthur était jeune afin de protéger sa famille et elle fut exécutée par le roi après lui avoir donné un fils qui sera donc le demi-frère d’Aquaman, Orm (Patrick Wilson). Arthur sauve un sous-marin rempli d’humains, qui sont des pirates menés par David Kane (Yahya Abdul-Mateen II), mais lorsqu’un des pirates se fait piéger et qu’Arthur a la possibilité de le sauver, il refuse, devenant l’ennemi David.
Une fois qu’Arthur rentre chez lui, il est confronté à la princesse Mera (Amber Heard), qui lui demande de s’aventurer sur Atlantis et de prendre la place qui lui revient en tant que roi afin d’empêcher Orm de mener une guerre à la surface. Mera et le vizir royal Vulko (Willem Dafoe) ont trouvé un indice qui conduira Arthur au trident perdu du roi Atlan. Si Arthur récupère l’arme, il exercera le pouvoir des mers et sera capable de prendre le trône d’Orm. Mais Arthur n’est pas chaud puisqu’il ne veut rien avoir à faire avec le royaume qui a exécuté sa mère. Pendant ce temps, Orm tente d’unir les derniers royaumes sous-marins avec l’aide de Nereus (Dolph Lundgren), afin de déclencher une guerre avec les habitants de la surface. Avec autant d’ennemis contre lui, il n’est pas clair si Aquaman sera capable de trouver le trident d’Atlan à temps et s’il sera digne de le manier, afin d’empêcher une guerre.
Avec autant d’intrigues parallèles, il est parfois difficile de suivre le film. De plus, la bande dessinée d’Aquaman nous montrait un personnage farceur qui se foutait un peu de tout le monde. Le film tente de le concilier avec la narration dramatique d’Arthur Curry. Et donc, on a parfois des lignes de dialogue qui détonnent un peu. Mais cela reste acceptable et largement compensé par la qualité graphique hors norme du film. DC a toujours eu l’habitude de faire passer des messages dans les films. On avait l’aspect religieux avec la patte de Znyder, la combativité d’une Wonder Woman dans un monde d’hommes, mais Aquaman tente de faire passer plusieurs messages en s’inspirant de différents styles.
Le film est un mélange de différents types d’histoires: c’est une adaptation de la légende du roi Arthur, se déroulant dans un monde sous-marin; c’est un conte de guerre fantastique entre royaumes; c’est une histoire de bande dessinée du héros créant son propre ennemi; c’est l’histoire d’une personne biraciale qui tente de concilier ses multiples identités. Aquaman regroupe toutes ces histoires et le fil conducteur qui les unit est Arthur et sa personnalité, qui fonctionne étonnamment bien pour préserver l’attention des téléspectateurs.
Il y a deux piliers dans Aquaman. Le premier Jason Momoa qui a réussi le pari de combiner son personnage drôle et sans foutiste avec l’histoire personnelle et profonde d’un Arthur Curry qui n’arrive pas à trouver sa place. Beaucoup de téléspectateurs ont connu Jason Momoa dans Justice League, mais moi, je le connais depuis Stargate : Atlantis (comme quoi, il était destiné à être un Atlante) où il jouait déjà une espèce de franc tireur, complètement déchainé. Son rôle de loup solitaire lui allait à merveille, mais on sentait un garçon qui hésitait et qui était un second couteau, sans plus. Dans Justice League, il a émergé pour faire partie de la tradition DC et son film solo ne lui donne pas seulement un rôle à sa mesure, mais il permet à DC de sortir la tête hors de l’eau.
La seconde star, comme je l’ai dit, est les effets spéciaux. En IMAX, le film explose littéralement à l’écran. Que ce soit les royaumes sous-marins, les armures, les armes, tout est sublime dans les moindres détails. Certes, il y a encore quelques couacs, car DC ne maitrise pas tout, mais par rapport aux autres films de DC, c’est une renaissance.
En fin de compte, Aquaman est une histoire de super-héros qui se sépare autant que possible du reste des films du monde de DC, mais pas d’une manière qui dénigre le travail des réalisateurs qui ont précédé Wan. A la place, Aquaman reflète le propre parcours d’Arthur consistant à devenir un super-héros. De plus, Aquaman est une folle aventure à travers de superbes mondes sous-marins qui ravira les fans de ce personnage et de son héritage de DC Comics. Ce n’est peut-être pas le film qui renverse complètement la perception du public à l’égard de cette franchise de DC, mais Aquaman est un superbe effort qui offre de nombreuses possibilités pour un succès encore plus grand dans une possible suite.
Le 5 avril 2019, DC nous proposera Shazam!, mais qui sera moins retentissant qu’Aquaman, car dans les premiers mois de 2019, Marvel va régner en maitre avec Avengers 4. Mais DC a compris qu’une rivalité est stupide et qu’il faut qu’il continue sa propre voie et sa propre vision de l’adaptation des bandes dessinées. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Aquaman est un excellent film, il y a quelques erreurs, mais il est divertissant, réussi graphiquement et Jason Momoa a parfaitement réussi son plongeon dans le grand bleu.