Comment Google a arnaqué les éditeurs Adsense



 Les témoignages sont les mêmes :

"J'étais à 100 dollars par mois, je suis maintenant à 3 ou 5 dollars"

"Je faisais 300 euros par mois, aujourd'hui, je suis à 30 euros"

"Aidez-moi, j'ai perdu 90 % de mes revenus Adsense mensuels"

Et personnellement, je suis passé d'environ 80 euros par mois à 2 euros... Ce constat est le même, mais on n'en parle pas et c'est ça qui est le plus terrifiant. Google a fait le plus gros hold-up de son histoire et personne n'en parle. Les éditeurs Adsense sont éparpillés un peu partout dans le monde et ils n'ont pas d'espaces communs pour s'exprimer. Ce qui fait si quelqu'un s'en plaint de temps en temps, on pense que c'est un cas isolé, mais en fait, c'est la majorité des cas.

Le déroulement de la casse

La plupart vont dire que leurs revenus ont été divisé par 10 à partir de 2023, la période charnière était entre avril et aout 2023. Aout 2023 était le mois fatidique où pour la première fois depuis plus de 10 ans, je n'ai pas atteint le seuil de paiement mensuel et cela a empiré depuis. Ensuite, je l'ai eu tous les deux mois, ensuite trois et maintenant, je pense qu'il faudra attendre une année entière pour atteindre les 70 euros requis. Cependant, Google a commencé à voler les éditeurs à partir de 2021. C'est à partir de là que j'ai commencé à avoir une baisse. 

C'était une baisse discrète, mais chaque mois, le RPM baissait petit à petit. Evidemment, on est loin de la période dorée d'avant 2018 où j'atteignais 8 à 9 euros quotidiens. 2018 est l'année de l'entrée en vigueur du RGPD et Google en a profité pour diviser le revenu par deux. Qu'on se le dise, les publicités ciblées sont toujours là, Google l'a fait passer par d'autres services, plus clandestines et plus mafieuses. Mais comme ce sont ces publicités qui rapportaient le plus aux éditeurs, Google a utilisé l'UE pour nous les piquer en considérant que c'était pour protéger les utilisateurs. Google qui protège la confidentialité des utilisateurs est comme un juif qui protégerait un palestinien, c'est un oxymore !

Comprendre le braquage de Google

La relation entre Google, les éditeurs Adsense, les annonceurs était un genre de contrat informel. Les éditeurs créaient des sites selon les recommandations de Google, mettaient des publicités dessus, Google leur ramenait du trafic, les annonceurs pouvaient avoir de la visibilité et l'utilisateur était un peu le dindon de la farce, car il subissait un web poubellisé par la pub. 

Malheureusement en l'absence d'autres types de monétisation efficace, c'était le seul moyen. Pendant presque 10 ans, on va dire de 2009 à 2019, cela a fonctionné à merveille. Pour la bonne et simple raison que Google avait le monopole de l'information, de la recherche et du navigateur. En fait, si vous vouliez faire quelque chose sur internet, vous deviez passer par Google.

Cependant, au fil des années, d'autres concurrents, utilisant des canaux d'information différents, sont apparus et ont commencé à attirer les annonceurs. Les réseaux sociaux sont arrivés en masse et ils ont pris une part non négligeable du gateau des revenus de Google. Même si celui-ci domine la publicité sur la recherche, c'est loin d'être le cas pour la publicité en ligne en général. Et quand on ne me vienne pas parler de Youtube, Youtube, Android et tous les services de Google, ne lui rapportent rien. Google a volé les éditeurs Adsense, car 100 % de son chiffre d'affaires vient de la publicité sur la recherche. Une fois qu'on a compris ça, le reste est facile.

Et un autre trublion a fait de la casse de chantier qui est Tik Tok. Si on peut se gausser devant les péteux et pétasses qui se trémoussent sur Tik Tok ou devant des Challenges aussi cons les uns que les autres, Tik Tok va bouleverser l'écosystème du web à plusieurs titres. Déjà, il va détruire le monopole de la vidéo de Google avec Youtube, il va attirer une population très jeune, qui est toujours courtisé par les GAFAMs et le système, car ce sont des bons consommateurs en devenir. Et surtout, il n'est pas américain. Les GAFAMs, d'un commun accord, se partageaient le gâteau, Google avait la recherche et la vidéo, Meta dominait le réseau social, Amazon s'occupait du commerce et du streaming et chacun restait sur ses platebandes.

Tik Tok va attaquer le monopole de la vidéo, d'où le fait que les vidéos courtes sont désormais disponible sur Youtube avec les Shorts et Instagram avec les Reels. Instagram est le fer de lance de Meta, Facebook sent la naphtaline, Whatsapp n'est pas assez monétisable et les jeunes, toujours la cible prioritaire de la publicité, utilisent encore Instagram. Mais Tik Tok va plus loin, car il devient une source d'informations pour les jeunes. On va sur Youtube pour s'informer, mais surtout pour se divertir. Tik Tok a eu un tel impact chez les jeunes qu'ils structurent toute leur vie autour de ce réseau. Ils suivent toutes les dernières tendances, ils y publient chaque minute de leur vie et surtout, ils l'utilisent comme un moteur de recherche et d'information.

C'est radical, mais ce ne sont pas les alternatives au moteur de recherche qui manquent. Duck Duck Go, Bing, Startpage, etc. Mais ils ont entre 0,0 et 0,5 % des parts du marché, Google s'en fout. Mais Tik Tok... était le site le plus visité du monde en 2021 devant Google ! Comme je l'ai dit au dessus, la relation : éditeur, Google, annonceur se basait exclusivement sur le monopole absolu de la recherche Google, mais aussi les moyens d'y accéder. Ici non seulement, Tik Tok fournit l'information, mais dans un format où Google n'est pas dominant. Les Shorts ne sont qu'une extension et c'est pourquoi Google a boosté les revenus pub sur les Shorts pour inciter à abandonner Tik Tok, mais c'est peine perdue. Malgré les menaces des américains de le bannir (il est toujours là), qu'on le veuille ou non, Tik Tok fait désormais partie du paysage.

Et il a aussi aspiré énormément de recettes publicitaires. Trompé par la hype, les millions de vues, tous les annonceurs se sont précipités pour offrir des milliers de dollars aux créateurs ce qui a lancé une véritable industrie. Tik Tok propose aujourd'hui son propre programme de publicité, qui rapporte que dalle, mais ce sont les partenariats et les sponsos, qui sont le coeur de son business. Et le budget publicitaire n'est pas illimité, si une marque va mettre 1000 balles pour une vidéo sponso, alors c'est autant de moins pour la publicité classique. C'est mathématique.

Google à ses équipes : "Les mecs, il faut sauver les meubles"

Google n'est pas un idiot même si la bureaucratie et le wokisme ont en fait une usine à gaz ces dernières années. En fait, Google n'a rien inventé e sérieux ces 20 dernières années (en tout cas, pour le grand public). Google a vu son monopole s'effriter et il sait qu'il n'a rien que sa recherche publicitaire. Si elle disparait, alors il disparait aussi. 

Je vois déjà la tronche des réunions pour annoncer la nouvelle et la conclusion a dû être aussi radicale que redoutable : "Il faut voler les éditeurs Adsense et tout garder pour nous" aurait pu lancer un responsable de la pub, un employé aurait pu dire : "Mais c'est dégueulasse, on n'est pas des racailles", le responsable le regarde droit dans les yeux et dit : "C'est ça ou où on se retrouve au chomage dans 5 ans". L'autre, pensant à ses stock options, sa villa et ses deux maitresses à entretenir conclut : "Dit comme ça, ça ne se refuse pas".

A partir de 2021, voyant l'état du web, l'arrivée de nouveaux formats et le changement de comportement des utilisateurs qui vont de moins en moins sur Google, Google a commencé à baisser artificiellement les revenus Adsense. Comment il a fait ? Primo, en baissant le RMP quasiment de moitié, mais comme il domine aussi l'algorithme de recherche, il a détruit le trafic vers les sites avec des mises à jour dont le seul but est de tout ramener sur le site de Google.

C'est comme si vous aviez un médecin qui possède la maladie, mais également le remède. Même si vous tournez autour, vous tomberez forcément sur lui. Comme il contrôlait la publicité, mais aussi le moteur de recherche, il a jonglé avec les deux pour dégouter les éditeurs. Il ne pouvait pas voler directement, mais il a réduit le trafic vers leurs sites en sortant des prétextes tout aussi éclatés au sol comme le "contenu pertinent", le People-Firt, etc. Mais où ce trafic est-il allé ? Vers Google ! Faites le test, tapez n'importe quelle requête et vous verrez que déjà la première moitié de la page est bourré de publicités, vous avez de plus en plus de vidéos qui vous ramènent sur Youtube, vous avez les recherches suggérées qui vous maintiennent sur Google. 

En fait, Google se transforme en un énième portail web à la manière de ce qu'on avait au début du web avec AOL et Yahoo. Evidemment, l'arrivée de l'IA va encore accélérer ce mouvement, car désormais Google n'a même plus besoin de contenu, car il peut le générer.

L'IA, la plus grosses foirade de Google

A la fin de 2022, l'IA est entré dans nos vies quotidiennes avec ChatGPT. Et il fallait imaginer les tronches livides des mecs de chez Google qui disaient qu'ils étaient une entreprise IA depuis plus de 10 ans pour se faire damer le pion par une entreprise comme OpenAI avec une tronche de blanc-bec à sa tête, mais qui veut dominer le monde. ChatGPT amène l'information dans une autre dimension, la massification est sans efforts, plus besoin de recruter des experts pour parler d'un sujet et de leur payer une fortune, une prompt et vous avez une réponse aussi détaillée que possible. 

On va dire que ChatGPT et ses congénères manquent de maturité, d'humanité, de style, les gens qui cherchent de l'information s'en foutent. Ils veulent qu'on les aide ou qu'on les dirige sur la bonne voie, ils s'en foutent du style. Et c'est ce que, par exemple, le secteur de la rédaction web ne comprend pas, étant un rédacteur et pigiste de formation, ils continuent à pérorer, alors que les IA ont dévasté leurs métiers au napalm, mais aussi ceux de la traduction, la transcription, la correction, que non, mais il faut une touche humaine. Non, on ne vous demande de créer un article humain, mais de créer un article informatif et ChatGPT sait le faire sans aucun problème. Et les IA s'améliorent à chaque semaine qui passent.

Mais quel est le lien avec le fait que Google ait arnaqué les éditeurs Adsense. L'IA n'est qu'une accélération du mouvement de concentration entamée par Google. Si autrefois, il était obligé de donner quelques miettes aux éditeurs, malgré le fait que 90 % des résultats ramenaient vers Google, avec l'IA, Google ne relait plus l'information, il la génère.

Même si son IA Gemini est médiocre, on s'en fout, du moment qu'elle est imposée via les services de Google. Ce qui est important est le choix des utilisateurs. De plus en plus, quand je cherche une information, j'ai la flemme d'aller sur Google et de butiner les sites web les uns après les autres, je pose la question à Claude (l'IA que j'utilise en ce moment) et j'ai une réponse claire, rapide et sans aucune publicité (pour l'instant). En fait, la facilité de l'IA nous fait comprendre que les sites web  sont devenus de véritables poubelles. C'est rempli de publicité, de pop-ups qui vous explosent à la gueule, d'acceptation de Cookies à la mord-moi-le noeud. Avec un chatbot, on est dans un espace plus convivial et plus intime. Une intimité tout relative puisque l'ancien directeur de la NSA fait désormais partie du conseil d'administration d'OpenAI...

A partir du moment où les gens chercheront des informations par l'IA, alors les sites web et la publicité dessus deviendront obsolètes. Google le sait, mais lui, il peut toujours afficher de la publicité à coté de ses résultats IA qu'on connait comme AI Overviews. Google s'est dépêché de lancer cette fonctionnalité, même si elle est très médiocre pour le moment, car tous les autres font de même, que ce soit OpenAI avec SearchGPT ou encore Perplexity.ai qui est aussi un concurrent sérieux à Google.

Quand l'IA est arrivé, on a vu des escrocs qui ont publié des millions d'articles en quelques mois pour bien se classer. Toute l'année 2023 a été phagocyté par cette merde. Et Google est arrivé avec une tronçonneuse pour décapiter tout ça. Mais le souci est que malgré ses déclarations, Google ne sait pas différencier le contenu humain ou IA, car quand on écrit pour le web, on n'écrit pas en français ou en anglais, on écrit algorithmique. C'est à dire une langue pauvre, hachée et sans aucune rondeur, uniquement lisible par les machines (le sacro-saint SEO). Ce qui fait que comme les rédacteurs sont entrainé à cette écriture SEO, alors il n'y a aucune différence entre eux et un texte par IA. De ce fait, Google a élagué au hasard et dès qu'il sent que c'est un article IA, il empêche son indexation et sanctionne tout le site.

On remarque aussi que les dernières mises à jour algorithmiques de Google sont de plus en plus longues. Qu'on se le dise, ce n'est pas pour améliorer le contenu, car cette temporalité correspond au temps qu'il lui faut pour sortir de nouveaux services IA. La mise à jour algo au début de 2024 correspond au lancement d'AI Overviews. Et chaque mise à jour décapite des milliers de sites web sans aucune raison, car c'est son IA qui répond à la place de nombreux de ces sites web.

Google n'a plus besoin des éditeurs ou des sites et tout au début, je parlais des revenus divisés par 10, mais dans le même temps, le chiffre d'affaires de Google a été multiplié par deux et à chaque trimestre, on voit une augmentation. Parce que les gens ont supputé plein d'hypothèses comme quoi, c'est la crise économique ou l'inflation, rien de tout ça. Si la baisse était normale, alors le chiffre d'affaires de Google aurait dû baisser. Le fait qu'il augmente signifie qu'il détourne une partie du fric pour son propre profit, c'est à dire qu'il monétise principalement via son propre site web et non celui de nous autres. Et vous le verrez dans les années à venir, son CA va croitre de plus en plus et les éditeurs auront zéro.

Ce qui est terrible est quand on regarde Reddit et les quelques vestiges où les éditeurs Adsense s'expriment, ils continuent de croire en la bonne foi de Google. On dirait une femme battue par un mari pervers narcissique et qui continue à clamer à la police : "Non, mais vous savez, ce n'est pas vraiment de sa faute et puis, il m'aime vraiment". Car ces éditeurs disent qu'il faut rester avec Adsense, car tout s'arrangera en 2025. Et quand ce ne sera pas le cas, alors ne vous inquiétez, Google va récompenser les éditeurs en 2030, continuez à espérer en agonisant à petit feu, je vous jure que tout redeviendra comme avant.

Ceux qui monétisent leur site web avec la publicité ou l'affiliation doivent les abandonner dans les plus brefs délais. C'est une impasse et c'est uniquement de la chance si vous avez été épargné, car quand le couperet arrivera et il est inéluctable, vous perdrez le travail de tout une vie en quelques mois et c'est quelqu'un qui l'a vécu qui vous en parle. C'est ce qui se passe quand on fait confiance à Google.

Mais je ne lui vois pas non plus un bel avenir. Son modèle publicitaire est complètement désaxé par rapport à la tendance du secteur. Son IA ne risque pas de surpasser ChatGPT, Claude ou autre, car il la censure trop. De ce fait, Google ne dominera plus quoi que ce soit dans les 10 prochaines années. Evidemment, il ne va pas faire faillite puisqu'il a une montagne de cash (Yahoo continue encore d'exister), mais ce ne sera plus qu'un service comme un autre. Mais il va emporter une grande partie de la création de contenus avec lui, car il a formaté le web avec le prisme de son monopole. On s'est trop fié à ce qu'il nous disait, on n'a pas développé de vraies stratégies de monétisation, les gens ont cru à la fable du contenu gratuit et maintenant, ils refusent de payer.


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