Quand on regarde les mises à jour de Telegram ces derniers mois, on se rend compte que Durov mise beaucoup sur les cryptos et le réseau TON pour que l'application devienne enfin rentable. Et c'est normal, Telegram approche doucement, mais surement du milliard d'utilisateurs, mais il n'a pas encore de stratégie de monétisation bien rodée. Quand on regarde les principales nouveautés :
- L'intégration native d'un portefeuille permet d'envoyer des Toncoin et des USDT
- L'arrivée des publicités pour les Channels ayant plus de 1000 abonnés (paiement en Toncoin)
- Le lancement de Telegram Stars, un genre de jeton qu'on peut acheeter sur Telegram directement ou sur le site Fragment
- La possibilité de faire payer des images en utilisant les Stars
- Les réactions payantes avec des Stars
- Faire des canaux payants avec des abonnements mensuels, toujours avec des stars
En fait, le Telegram Stars devient le principal jeton de Telegram qui est donc adossé au dollar et au Toincoin. Pour vous donner une idée de sa valeur, 50 stars coutent autour de 0,90 à 1,12 dollars. Et même si Telegram affirme qu'il ne prend aucun pourcentage sur les transactions, il joue sur le taux de change selon qu'on achète ou qu'on vend du Toncoin. Ainsi, si vous achetez 50 Stars, cela coutera 1,12 dollars, mais si vous vendez vos Stars, alors vous récupérerez autour de 1,02 dollars, ce qui fait que Fragment récupère 10 % sur chaque transaction.
Fragment semble être une entreprise associée à Telegram, elle est enregistré aux Seychelles pour bénéficier de la fiscalité inexistante. En sachant qu'il est indiqué dans
leurs conditions d'utilisation que
la valeur des Stars est à la discrétion de Telegram, ce n'est pas une valeur qui est régulé par le marché. Je peux le comprendre puisque le jeton a été créé par Telegram, mais cela fait beaucoup de contrôles sur la monétisation concernant 900 millions d'utilisateurs.
De plus, de nombreuses fonctionnalités, qui rapportent de l'argent sur Telegram, nécessite Telegram Premium qui vous donne des options supplémentaires comme :
- Des légendes plus longues pour vos images
- Des stories illimitées
- Stockage illimité sur le Cloud
- Jusqu'à 1000 canaux et 10 liens publiques
- Traduction en temps réel
- Transcription vocale
Le cout du Premium est autour de 30 dollars par an ce qui rest correct vu l'importance de Telegram que ce soit pour l'information et les options qu'il propose. Pour le moment, les utilisateurs ne sont pas lésés, mais avec cette monétisation agressive, on pourrait avoir une application à deux vitesses où les utilisateurs gratuits en seraient réduit à racler les fonds de tiroir du service tandis que ceux qui payent pourraient monétiser massivement leurs contenus.
Déjà actuellement, je ne peux pas acheter des Stars directement avec l'application, car il me demande une version Premium. Mais il semble que je peux le faire directement sur Fragment. Donc, ce n'est pas encore très cohérent sur la manière dont ça fonctionne réellement.
Par ailleurs, Telegram lance ça dans son coin, mais on ignore comment ça se passe sur le plan législatif. C'est Telegram qui a lancé la Blockchain TON en 2018, mais elle a été décapité par la SEC américaine. Les législateurs occidentaux n'ont pas encore détecté tout ce bouillonnement financier autour de Telegram qui semble échapper à leur contrôle et s'ils voient que cela commence à générer des sommes importantes, ils risquent de fouiner et le démolir si c'est nécessaire.
On a également le déferlement des mini-apps que Durov promeut agressivement à la manière d'un Musk qui promouvait agressivement des cryptos pourris pour faire du Scalping. Ces mini-apps sont principalement des jeux de farm et de référents (vous devez inviter au maximum vos amis pour faire faire gonfler artificiellement les chiffres).
Ils vous promettent des jetons, qui un jour, seront listés et vous deviendrez millionnaires ! Les mêmes arnaques pourries qu'on voit avec la crypto et la NFT. Ce monde du NTF, des Airdrops et de toutes ces merdes qui s'est effondré un peu partout, prolifère sur Telegram. Car les développeurs, principalement russes et ukrainien, attirent les pigeons avec des récompenses en USDT. Mais ces récompenses sont uniquement réservés à ceux qui passent énormément de temps sur leur mini-apps et dépensent de l'argent réel dessus.
Là encore sur le plan juridique, certaines pratiques ne passeraient tout simplement pas le droit des consommateurs. Parce qu'il y a beaucoup, beaucoup d'arnaques.
On sent que Durov et Telegram veulent s'inspirer ce que la Chine fait avec WeChat. WeChat est essentiel si on veut vivre en Chine, tout passe par cette application, les salaires, les loyers, les impots, etc. En fait, vous pouvez même donner de l'argent à des mendiants sur WeChat.
Et Tencent, qui la développe, gagne de l'argent avec des commissions sur toutes les micro-transactions. Multipliée par 1,4 milliards d'utilisateurs, cela lui permet de se financer largement sans jamais dépendre de la publicité. C'est pourquoi WeChat continue de s'améliorer constamment et que le web chinois n'est pas une poubelle publicitaire. Le problème est que cela marche parce que c'est une application centralisée sur une population homogène, adoubée par le gouvernement.
Telegram est utilisé par de nombreux pays dans le monde, avec des profils d'utilisateurs très hétéroclites, qui n'ont pas le même pouvoir d'achat, ni les mêmes lois à respecter. A chaque fois qu'une application a proposé un modèle unique à un public diversifié, cela s'est cassé la gueule.
Mais encore une fois, cette monétisation agressive lancée par Telegram donne quand même des bonus aux utilisateurs. Il faudra voir si les prolos ne sont pas laissés sur le carreau avec une minorité d'utilisateurs qui se partagent tout le gateau, car n'oublions pas que la richesse de Telegram, c'est son contenu qui est généré gratuitement par ces utilisateurs.
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